La possibilité d’une île, le vide, notre patrimoine commun.
A Dijon comme dans nombre de grandes métropoles, d’anciens sites industriels sont rendus disponibles aux usages urbains, la ville retrouve ainsi un rapport direct au cours d’eau qui a contribué à sa prospérité.
Le Site Quai Moutarde s’inscrit dans cette logique de transformation urbaine. L’Ouche, sauvage et tumultueuse, et le canal de Bourgogne, voie navigable sereine, miroir d’eau domestiqué baignent les rives Nord et Sud du Site et constituent les deux polarités en présence.
La disparition de l’usine AMORA reconnecte les deux rives du site et confère au lieu une situation quasi insulaire procurant un sentiment particulier, de « différence »et de singularité.
Construire au bord d’un grand dégagement urbain génère toujours une situation exceptionnelle. Le site Quai Moutarde n’échappe pas à la règle. La dualité des deux rives oppose la nature libre et la nature domestiquée ; Sa situation dans le coude du canal de bourgogne dégage un rapport au grand paysage et des dégagements et des vues remarquables. La présence des deux cours d’eau caractérisent la lumière du lieu ; les parcours qui jalonnent le site sont autant de fils à partir desquels construire un projet.
Nous proposons de développer pour ce site une double stratégie paysagère et urbaine qui repose tout à la fois sur un travail au sol permettant de connecter la rive sauvage à la rive urbaine et un épannelage découpé permettant tout à la fois de maximiser les vues sur les deux rives, mais aussi de garantir une couture urbaine sur les paysages en présence, travaillant pour cela, la ligne de ciel des bâtiments.
Nous proposons d’adapter les formes urbaines et leur échelle, aux fragments de paysage sur lesquels le projet à venir vient se connecter. Cette démarche en rhizome permettra une intégration totale du futur projet dans son contexte. Un enracinement profond, dans tous les sens du terme.
Sur le quai, la présence du canal, les vues lointaines vers le grand paysage, invite à un alignement strict aux limite foncière et à construire en hauteur pour dégager le sol de l’emprise des bâtiments et maximiser les vues. La forme urbaine doit dégager une ligne de ciel découpée et iconique qui marquera le paysage par une présence architecturale forte, autorisée par les dégagements lointains. A l’image d’un front de mer ce dispositif permettra d’identifier fortement le lieu.
Le long de la rue Hoche, nous proposons de poursuivre cet alignement afin de souligner la présence de la rue, en contraste de l’implantation libre des bâtiments situés à l’est de la parcelle. Marquer la limite et dessiner la rue c’est également une manière de contenir et de protéger la vie résidentielle. En complément nous proposons un épannelage des hauteurs se raccrochant sur les bâtiments voisins, permettant ainsi une couture par la ligne de ciel. Les hauteurs R+10 ou +11 se déclinent ainsi sur l’angle de la parcelle pour s’abaisser fortement à proximité de l’Ouche.
Le long de l’Ouche, bordant la promenade, nous proposons une implantation libre du bâti. Ainsi à la berge sauvage fait écho une implantation non contrainte des bâtiments qui, associée à une échelle basse, témoigne du rapport apaisé du bâti dans un environnement où la nature règne en maître.
En complément de ces grands principes notre projet repose sur une attention particulière à la multiplicité des paramètres du projet. L’inondabilité du site nous a conduit à d’enfouir partiellement les parkings en cœur d’îlot en utilisant les terres et les éléments de démolitions du site. Le paysage de cœur d’îlot se hisse à la hauteur des logements permettant ainsi une occupation paisible des jardins intérieurs.